La " Génération soixante-huit " se confrontait à la " société de communication ". Pour bien des oracles, l'horizon du XXIème siècle sera celui d'une " société de communication ", dont les irrésistibles moteurs se trouveraient dans le progrès d'Internet, le rôle croissant des médias, de normes culturelles valorisant l'écoute de l'opinion publique et l'expression individuelle et collective. Cette " société de communication " fait l'objet de discours contradictoires. Elle est le plus souvent présentée comme riche des promesses d'une société plus transparente, démocratisant la culture et le politique, facilitant l'autonomie des agents sociaux. En d'autres cas elle est associée aux périls d'un contrôle social digne du " 1984 " d'Orwell ou du despotisme doux redouté par Tocqueville. En s'employant à conjuguer une grille de lecture ancrée dans une sociologie historique et politique et le parti pris d'analyse critique des mythologies sociales issu des années soixante-dix, cet ouvrage offre une synthèse dense des débats et enjeux liés à la " société de communication ". L'analyse se déploie autour de quatre thèmes. De quels héritages et #uvres intellectuelles est issu le thème de la société de communication ? Que contient ce qui tend à devenir une des grandes mythologies fin de siècle ? Quels déterminants objectifs, liés à l'économie, à l'évolution de la morphologie sociale et de champs sociaux très divers donnent consistance à cette nouvelle vision de nos sociétés ? En quoi cette représentation de la modernité ne peut-elle se comprendre que par un détour par le " temps long " historique de la formation des Etats contemporains ? A travers ce parcours, se développent à la fois un cadre d'analyse pluridisciplinaire et un outil d'autodéfense face à l'une des dernières grandes mythologies sociales d'une époque qui se prétend libérée des idéologies.